mardi 17 avril 2018

Ronsard par Keats


Voici un des poèmes de Ronsard de 1587 (qui, contrairement à la traduction anglaise qui suit n'est pas explicitement dédié à Cassandre).

Nature ornant la dame qui devait 
De sa douceur forcer les plus rebelles, 
Lui fit présent des beautés les plus belles, 
Que dès mille ans en épargne elle avait.

Tout ce qu'Amour avarement couvait 
De beau, de chaste et d'honneur sous ses ailes, 
Emmïella les grâces immortelles 
De son bel œil, qui les Dieux émouvait.

Du ciel à peine elle était descendue 
Quand je la vis, quand mon âme éperdue 
En devint folle, & d'un si poignant trait

Le fier Destin l'engrava dans mon âme, 
Que, vif ne mort, jamais d'une autre dame 
Empreint au cœur je n'aurai le portrait.


Et John Keats le 23 septembre 1818 reprend et traduit ce sonnet de mémoire (il dit en avoir oublié la fin du dernier tercet - ce serait son éditeur John Taylor qui le lui avait fait découvrir).

Keats a alors près de 23 ans et a abandonné ses études de médecine. Il s'occupe alors de Tom, son frère tuberculeux (qui en mourra un mois après et qui contaminera peut-être John qui meurt à 24 ans en février 1821).

Il envoie le poème dans une lettre à son ami le poète John Hamilton Reynolds.

Nature withheld Cassandra in the skies,
For more adornment, a full thousand years;
She took their cream of Beauty’s fairest dyes,
And shap’d and tinted her above all Peers:
Meanwhile Love kept her dearly with his wings,
And underneath their shadow fill’d her eyes
With such a richness that the cloudy Kings
Of high Olympus utter’d slavish sighs.
When from the Heavens I saw her first descend,
My heart took fire, and only burning pains,
They were my pleasures—they my Life’s sad end;
Love pour’d her beauty into my warm veins.

Aucun commentaire: