mercredi 21 janvier 2009

Zeitgeist et Séries



  • Tous mes amis (c'est-à-dire en fait des fils RSS, bien entendu, je ne rencontre personne et vis caché dans un grenier dans un Phare) me disent que nul ne peut encore être humain s'il ne regarde la Meilleure Série de Tous les Temps, The Wire. En plus, c'est la série favorite de L'Elu.

    Mais même si c'était réalisé par Stanley Kubrick et quelles que soient les métaphores existentielles, cela resterait un polar et donc trop réaliste-social. Donc tant pis.

  • Un des sites les plus "non-intentionnellement drôles" en ce moment est Big Hollywood, le site sur le cinéma et les autres industries du divertissement pour les Conservateurs américains. En gros, ce ne sont que des litanies de jérémiades de divers auteurs se lamentant d'être si isolés, ostracisés et blacklistés parce qu'ils ont le courage de défendre l'Eglise, la Patrie et le Patriarcat face à une Babylone homosulmanostalinienne, et voulant jouer à la fois la corde de la Bohème rebelle contre les faux-rebelles et celle des "Vrais Gens" de la "Vraie Amérique", Marge oppressée parce que Majoritaire. Autrement dit, il y a des gisements de Ressentiment encore plus inépuisables que dans un site républicain moyen.

    J'avais mentionné le dessinateur Willingham déplorant que les comics ne soient plus assez chauvins et xénophobes dans le jihad cosmopolite-PeeCee. Maintenant, c'est l'acteur Dirk Benedict (celui qui jouait Starbuck dans la première version de Battlestar Galactica) qui hurle que la féminisation de Starbuck (qui n'était guère qu'une imitation de Han Solo) est une offense contre toute la virilité américaine. Oui, c'est tongue in cheek, mais cela réussit à sembler menacé quand même. Il va peut-être falloir que je me force à aimer la nouvelle version de Battlestar Galactica aussi rien qu'à cause de cet article idiot.

  • Pour être enfin positif, je viens de tomber sur une série animée japonaise Sayonara, Zetsubō Sensei ("Adieu, Professeur Désespoir", 2007). C'est très horriblement névrotique et bourré de jeux de mots complètement incompréhensibles sur les idéogrammes utilisés.

    SZS (par l'humoriste Kumeta Kōji) est une comédie d'humour noir sur un jeune professeur de lycée dépressif et complètement paranoïaque, Nozomu Itoshiki (jeu de mots car son nom 糸色 望 peut en s'inversant se lire 絶望, désespoir), prof-surveillant de début de journée (chargé de noter les absences, d'orienter et de préparer la journée). Il passe son temps à rater ses suicides devant ses élèves (qui ont l'air d'être en Seconde environ) et à leur expliquer que leur vie n'a aucune signification et que leurs rêves avorteront.

    Nozomu (dont on apprend qu'il est en fait de la très haute bourgeoisie provinciale) vise parfois juste dans ses diverses attaques contre le capitalisme japonais, l'érosion de la culture ou bien l'aliénation sociale, mais il souffre d'être aussi hypocrite et représentatif de cette société.

    Il essaye vainement de plaire à la psychologue du lycée (peut-être lesbienne), Madame Chie Arai (dont le Kanji est un jeu de mots qui peut se lire "Nietzsche"), et il est suivi par une élève, la jeune "Kafuka" ("Kafka"), qui a une forme pathologique d'optimisme et de déni complet de la réalité. Kafuka est l'inverse de l'enseignant (elle explique que son père s'est aussi pendu "pour pouvoir devenir plus grand en taille"), mais elle semble dissimuler une psychose tout aussi violente que lui dans ses hallucinations.

    Il y a des influences du manga Great Teacher Onizuka (1997-2002) où le jeune enseignant Eikichi Onizuka, ancien gangster à moto, devenait un modèle pédagogique, mais dans sa dépression paranoïaque le frêle Nozomu Itoshiki est encore plus décalé que le charismatique Onizuka. L'histoire appartient aussi au "genre" que les amateurs de manga appellent "Harem" (le plus souvent un personnage masculin un peu pâle ou inexistant entouré de multiples femmes qui le poursuivent). C'est aussi saturé de divers signes difficiles à interpréter. Le tableau noir a des phrases et allusions à la culture pop qui changent à chaque angle et l'époque semble parfois hésiter entre le Japon actuel de la Nouvelle Economie et des archaïsmes d'après-guerre : l'enseignant est toujours en kimono traditionnel par exemple.

    Chaque épisode se centre sur une névrose de la société contemporaine. Les élèves de cette classe "2-He" comprennent une hikikomori (qui refuse de sortir de chez elle, puis du lycée), une fujoshi (fanatique de yaoi), une stalker obsessionnelle, une addict du Net qui refuse de s'exprimer autrement que par IM ou email, une élève à double personnalité, l'une japonaise et l'autre "étrangère" comme symbole des hésitations du Japon sur son occidentalisation, etc.

    L'ambiance est le nonsense perpétuel, mais les gags semblent parfois lourds quand ils sont expliqués par les personnages et parfois complètement opaques quand ils ne le sont pas (par exemple, j'ignorais ces superstitions numérologiques sur le nombre de traits dans un Kanji).

  • 5 commentaires:

    Anonyme a dit…

    Obwana est le Messie!Réjouissez vous!
    Il vous arrive de positiver,des fois?Ou souffrez vous de névrose intellectualisante,comme ts ces philosophes,sociologues?
    C'est un sacrilége,féminiser starbuck dans galactica!Tout le monde sait que les médias japonais fabriquent des névrosés à la chaine,pour favoriser leurs addictions!

    Anonyme a dit…

    Et ainsi,les rendre dépendants de leurs produits

    Fr. a dit…

    On vient de regarder le premier épisode de SZS avec une amie, et on ne sait pas si on va s'en remettre. Je comprends moins de 1% des allusions culturelles. As-tu vu la version 2007 du standard de film de fantômes japonais, Kaidan (1964) ? Je suis fasciné - depuis Ringu - par leurs films d'horreur.

    Anonyme a dit…

    L'article de Benedict est un bijou et donne effectivement plein de raisons d'aimer le show ! J'adore le passage sur Thatcher et Reagan.

    Je ne suis pas sûr que le fait que Starbuck soit une femme ait eu une vraie importance au bout du compte, si ce n'est que cela renforce la "violence sexuelle" du show comme dirait Benedict. C'est vrai qu' à l'exception de Baltar - qui compense avec son harem - tous les personnages un petit peu intéressants sont des femmes; c'est violemment choquant.

    Phersv a dit…

    > Anonyme
    Ce pourrait être au contraire parce que je ne suis pas assez intellectuel que je préfère de l'escapisme au réalisme social.

    > François
    Oui, c'est très obscur. En fait, je ne connais pas du tout le cinéma japonais contemporain. J'ai toujours peur de trouver cela trop froidement brutal.

    > Tom Roud
    La première fois que j'ai entendu parler du remake du BSG, cette révision paraissait gratuite. Mais la nouvelle Stardoe est un garçon manqué qui fume, non, donc pas si PC que cela.
    Finalement, un remake de Star Wars avec une Hanna Sola rivale de Leia ne serait peut-être pas si mal.