samedi 18 octobre 2008

Galimafrée



  • Après la publicité négative contre Kant, voilà le texte d'une publicité républicaine contre la Loi de Leibniz.

  • Une nouvelle stratégie originale de théodicée à laquelle le juriste Leibniz n'avait pas pensé : non pas chercher à innocenter Dieu mais montrer un problème de procédure (même si Dieu existait et même s'il est coupable du Mal Physique, la condamnation par contumace n'aurait aucune application contre un être omnipotent).

  • La psychologie évolutionniste de nos indignations et irritations inutiles (si ce n'est pour bloguer).

  • Via Baptiste Coulmont, l'étrange affaire de Michel Maffésoli, sociosophiste qui étudie le Terrain orgiaque dans sa tête et qui vient d'être nommé par Valérie Pécresse à l'Institut Universitaire de France, alors qu'elle l'avait aussi mis à la 19e section du CNU.

    Le jury de l'IUF n'a pas apprécié qu'on le sélectionne ainsi, avec 21 autres, sur fait du Prince et sans classement.

    (Même si le Jury senior compte entre autres pour la philosophie un *"penseur original" qui mélange Vico, Malebranche et René Thom dans des voyances vides, ce qui ne me paraît pas très crédible non plus)

  • Une raison de plus pour apprécier Krugman : c'est Isaac Asimov qui lui a donné envie de devenir économiste.

  • Je comprends maintenant pourquoi Celle Qui Ne Sera Pas Nommée ne croit pas au réchauffement climatique.

  • Si vous trouvez qu'on utilise trop souvent Schadenfreude pour la "malveillance", on peut aussi vous proposer "épichairekakie" qui serait encore plus pénible et pédant (cf. Diogene Laërce, VII, Vie de Zénon, 114 : "ἐπιχαιρεκακία δὲ ἡδονὴ ἐπ' ἀλλοτρίοις κακοῖς·").

    L'entrée Schadenfreude m'apprend que le terme s'oppose chez Aristote, Ethique à Nicomaque II, 7, 1108b à la Νέμεσις, traduite par Tricot "juste indignation", qui est le ressentiment devant un bonheur jugé non-mérité de quelqu'un d'autre (ce qui la distingue de la simple Envie/Jalousie).

  • En parlant de nemesis ou d'hubris, DSK avait déjà eu des problèmes avec le livre Sexus Politicus mais à présent il pourrait perdre son poste au FMI, en pleine Crise à cause d'une relation privée (ce qui rappelle le problème similaire de Paul Wolfowitz à la Banque mondiale).

    Décidément, tous les rivaux de Badinguet pour 2012 s'auto-éliminent les uns après les autres.

  • Assouline avait déjà dit tout le mal qu'il pensait du dernier manuel de Begaudeau mais il l'a ensuite retrouvé sur le plateau de Café littéraire, où Bégaudeau se comporte avec les mêmes gestes et ricanements d'adolescents de mauvaise foi avec lesquels il voudrait simuler l'amitié (malgré toute la violence symbolique et l'hypocrisie que cette prétendue identification refoule).

    Comme disait Adimante dans la République de Platon (VIII, 563a-b) que prétend avoir lu la déléguée de Quatrième dans le film : "Le professeur craint ses élèves et les flatte (...), s'abaissant au niveau des jeunes, se gavant de bouffoneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréable et despotique."

  • Ah, ah, le discours de Badinguet à Camp David en direct sur LCI est prononcé en français, traduit par une interprète en anglais qui couvre sa voix sur CNN et LCI doit mettre un second interprète pour traduire le texte français du Président français (réputé pour son incapacité pour les langues étrangères).

    Désolé pour le Godwin mais vraiment quand il s'agite avec ses bras, on dirait un autre leader joué par Charlie Chaplin pendant une autre Dépression...

    Yecch, Badinguet vient de caresser l'épaule de Bush...

  • 4 commentaires:

    Anonyme a dit…

    Sur Bégaudeau, j'ai pas compris ce que vous vouliez dire quant à la "simulation de l'amitié", "la violence symbolique" et "l'hypocrisie".

    Sinon, en effet, il est insupportable dans le débat avec Assouline. Et je le trouve d'autant plus exaspérant, qu'au fond, amha, c'est lui qui a raison. Assouline n'est en effet pas un critique, mais une sorte de feuilletoniste, dont le blog n'est (en général) pas déplaisant, et reflète plus des "humeurs" (d'après moi plutôt insignifiantes)ou des "informations" ("la critique c'est de l'information", il le dit lui-même). De réflexion, de pensée, d'analyse un peu poussée, zéro, zéro, zéro.

    C'est fou (et navrant) comme Bégaudeau se moule totalement dans le rôle que veut lui faire jouer Assouline (qui convient parfaitement à ses attaques, je veux dire) celui du petit roquet (comme on disait à l'époque, souvenirs souvenirs...) ricaneur. Cela prouve surtout qu'il ne maîtrise pas aussi bien les médias qu'on le dit et qu'il le pense, parce que franchement, ça ne me paraît pas bien compliqué de moucher P.A. (qui, à mon sens, le mérite bien, donc).

    Phersv a dit…

    Joli pseudo, Dr Manhattan.

    Sur Bégaudeau, je voulais dire que le personnage de François Marin est celui de la "double conscience" dans le film (je ne pensais pas au plateau).

    Il voudrait jouer le copain des enfants de sa classe, discuter avec leur langage, leur dire que oui, l'Autriche, on s'en fout, que oui, le subjonctif c'est pédant et précieux, et ensuite, dans une totale mauvaise foi, il veut restaurer la discipline plus traditionnelle scolaire, leur rappeler qu'il est leur Maître, un point c'est tout.

    Il voudrait l'autorité charismatique d'un acteur mais doit reprendre l'autorité traditionnelle du maître.

    Il y a de nombreuses scènes d'hypocrisie de ce genre où il dit à la fois que les cancres peuvent faire des "choses très bien" (une photo sans intérêt autre qu'affectif comme substitut d'un exercice d'écriture, son émerveillement semblant finalement encore plus insultant) mais qu'ils sont de toute façon "scolairement limités", de manière plus condescendante encore que l'enseignant plus autoritaire (le prof d'histoire-géo qui lui reproche de vouloir seulement "acheter la paix sociale").

    Le film a un mélange de plusieurs critiques : une bourdieusienne sur la violence symbolique (qui sert de contexte à la violence physique, tout de suite diffuse, là je reprenais ce que disait le blog Une heure de peine) et un discours auquel Bégaudeau prétend tenir plus, celui sur la Discipline des Corps, qui sonne plus comme une vulgate adaptée de Michel Foucault.

    Bégaudeau dit (j'imagine par simple goût de la provocation, je ne pense pas qu'il croie à quoi que ce soit de ce qu'il raconte) dans les interviews que ces "jeunes" ont peut-être moins de savoir livresque mais plus de "grâce physique", de meilleures techniques du Corps parce qu'ils ne savent plus rester assis dans l'ennui.

    Un des leitmotifs du film est qu'il préfère la Cour et son match de foot (le grand match final comme déplacement du conflit maître-élève dans le jeu) à la classe comparée à une cellule disciplinaire, au Grand Enfermement. D'où son éloge fascisant du Bordel dans la classe comme élan vital contre l'ennui (et tant pis pour les élèves plus faibles qui voudraient suivre et n'y arrivent pas, ce qui compte est le déchainement de l'Energie).

    Sans vouloir trop faire du Zizek (pour qui le discours libéral de la bonne conscience et de l'égalité démocratique est en fait plus répressif encore que la violence de la domination traditionnelle, le Maître vous disant qu'il est votre ami et que votre révolte est donc de l'ingratitude), je pense que son film veut continuer cette ambiguïté, dénoncer à la fois le discours républicain (l'école comme sanctuaire qui prétendrait surmonter les inégalités sociales) et l'hypocrisie de la bonne conscience du discours pédagogiste sur l'Interaction et l'Auto-organisation des élèves (alors que l'école reste le lieu d'une autre autorité).

    Ce qui montre que le film n'héroïse pas du tout la position de Marin est qu'il ment pendant tout le film.

    Il insulte les déléguées de classe pour déplacer ses propos qu'il n'assume pas sur le cancre, il prétend que le cancre ne sera pas expulsé, alors qu'il sait devant ses collègues que ce sera le cas. La scène de la bande annonce est trompeuse : il dit aux élèves de ne pas refuser d'emblée la transmission alors que lui-même n'y croit plus.

    Il est le maître qui dit de retirer votre casquette et semble ensuite vous mépriser si vous obtempérez à son ordre comme un mouton. Il ajoute ainsi le mépris symbolique à la simple relation d'autorité qu'il prétend vouloir dépasser.

    Anonyme a dit…

    Ah d'accord, je n'avais pas compris que vous glissiez du plateau au film.

    Sur celui-ci, je ne peux rien, je ne l'ai pas encore vu. Mais j'avais bien aimé le livre (je ne sais pas si vous l'avez lu) où n'apparaît pas du tout le côté "foucaldien" (les maladresses du prof, si, en revanche) : l'enfermement y est plutôt une décision méthodologique (restons "entre les murs", pas au-delà, parions qu'on y captera des vérités mal perçues à force de regarder ailleurs), pas une situation carcérale à dénoncer. On peut être d'accord ou pas, mais c'est intéressant, comme principe d'écriture.
    Je crains le film, parce que ce qui me plaisait dans le livre c'est justement son formalisme, cette espèce de stylisation, où le réel est représenté de manière sèche et ultra-sélective. La vision de la classe qui en résulte est assez saisissante, enfin elle l'est pour moi.
    Dommage que Bégaudeau n'ait pas été fidèle à ce parti-pris dans ses interventions postérieures (trop tentant pour lui de donner ses opinions sur l'école et le monde comme ils vont).

    Après, parler de "l'éloge fascisant" du bordel, là c'est vous qui êtes provocateur... L'éloge de l'ordre pourrait être aussi facilement taxé de fascisant, non ?

    On peut ne pas aimer le "vitalisme" (si le mot convient ici), mais il n'est pas forcément nazi.

    Sinon pour le pseudo, oui, je savais que ça vous plairait ;-)
    Au début j'avais mis Walter Kovacs, et puis j'ai pensé que ça me rendrait antipathique...

    Phersv a dit…

    L'éloge de l'ordre pourrait être aussi facilement taxé de fascisant, non ?

    L'ordre, c'est peut-être plus conservateur/réactionnaire que fascisant (bon, il y a l'ordre "juste" du positivisme). Bégaudeau fait l'éloge de l'Energie, ce qui sonne plus comme une exaltation de purs rapports de force virile (et la question de la virilité travaille d'ailleurs le film, il semble refléter le machisme de ses élèves malgré sa prise de distance).

    Je n'ai pas lu le roman mais on m'a souvent dit que les collègues étaient plus ridicules, voire vulgaires et petits-bourgeois, dans le livre que dans le film (où ils semblent un peu désemparés par l'exclusion scolaire mais globalement de bonne volonté)