samedi 20 septembre 2008

Le Retour Rétrograde de Faucongris




  • Reboot

    Rappel :


    D'après ces rumeurs de seconde main issues de la GenCon, D&D4 pourrait relancer vers 2011 le monde originel de Greyhawk (voir aussi ENworld, RPG.net). Mais au lieu de faire évoluer la chronologie comme ils l'ont fait pour la nouvelle version des Forgotten Realms, il y aurait une "recréation en arrière" ou ce qu'on appelle parfois dans les comics un Reboot, un "redémarrage" qui effacerait des modifications antérieures.

    Greyhawk se déroulait dans les années 576 à l'aurore d'une Guerre à venir dans la première édition d'AD&D. Puis From the Ashes (AD&D2) avait fait évoluer le monde juste à l'après-guerre vers 585. Enfin, D&D3 avait un peu corrigé From the Ashes en avançant la chronologie d'une dizaine d'années, vers 595 (Living Greyhawk). La 4e édition repartirait dans une version parallèle de 580, tout en introduisant des éléments de règles de la nouvelle version (par exemple la race féérique des Eladrin dans le royaume de Célène).

    Cette idée, si jamais elle se concrétise (et malgré ce qu'affirme l'auteur, je crois plutôt à un wishful thinking d'un fan nostalgique), fait un peu penser à l'Histoire tumultueuse d'autres mondes fictifs comme l'univers du jeu de rôle de SF Traveller. La première édition se déroulait vers 1100 de l'Imperium, avant la Guerre Civile. Megatraveller (1989) se déroulait vers 1120 en pleine Guerre Civile. Traveller: The New Era sautait 100 ans vers 1200. Puis GURPS Traveller avait repris l'univers dans un continuum où la Guerre Civile n'avait jamais eu lieu vers 1115 (je simplifie : il y a eu aussi bien d'autres époques publiées).

    En un sens, ce serait une solution élégante : on garde un Greyhawk parallèle "épuré" et on peut s'inspirer d'autres suppléments pour un avenir possible. Le défaut inévitable est qu'on ne peut plus utiliser les jolies cartes très modifiées dans le Living Greyhawk des années 595.

  • Les retours & reflets du Château Greyhawk

    Par ailleurs, Greyhawk revient sous des formes différentes.

    • A l'origine, Greyhawk n'était pas un monde mais seulement un seul château et une seule série d'Oubliettes, le "Château Greyhawk".

      Le nom coloré "Faucon gris" (en français, la buse cendrée) serait comme Blackmoor un hommage à un wargame tactique appelé Braunstein, "Pierre Brune" par David A. Wesely, qui influença Arneson et Gygax.

      Gary Gygax avait développé son univers mais confessait que ses joueurs n'avaient pas tellement envie de quitter les Donjons géants et trésors de Château Greyhawk, une forteresse créée par le mage fou Zagyg près de la Cité de Greyhawk. Sa campagne était surtout un Disneyland sous ces Oubliettes.

      Ce Château de Greyhawk devint le plus long "vaporware" de Gygax, qui disait que ces Oubliettes énormes seraient publiées un jour, depuis 1973.

      Il finit par sortir des fragments de dimensions qui étaient liés lointainement au Château, les modules dans l'univers d'Alice au Pays des Merveilles EX1: Dungeonland , EX2: The Land Beyond the Magic Mirror (1983) et un hommage à King Kong, WG6: Isle of the Ape (1985).. Mais il n'y eut aucune autre publication autorisée.

    • WG7 Castle Greyhawk (1988)

      En 1988, après l'éviction de Gary Gygax de l'entreprise qu'il avait créée, TSR publia un module de 128 pages décrivant 13 Niveaux, rédigés par 13 auteurs différents. Comme le Château avait appartenu au Mage Fou Zagyg, les auteurs avaient décidé d'écrire de courts scénarios parodiques.

      Le problème est que ces parodies étaient le plus souvent ratées, plus amusantes à lire qu'à faire jouer. Il n'est pas vraiment facile de mélanger le délire onirique et une véritable aventure.

      Par exemple le 3e Niveau est un étage de Cuisines magiques avec des gags comme un Golem de Pain d'épices ou un Tablier de cuisine de protection. Le 8e Niveau est déchiré par une Guerre entre Kentucky Fried Chicken et Burger King.

      Le meilleur gag me semble être le 5e Niveau par John Terre (de TORG), qui est une mise en abyme où les monstres jouent eux-mêmes à divers jeux de rôle à la mode de cette époque comme Paranoia ("Serve the Abacus"), Marvel Superheroes, MechWarrior, Star Trek, TOON, Price of Freedom, Dr Who, Indiana Jones, Teenage Mutant Ninja Turtles...).

      Le 11e niveau par Ray Winninger a Mordenkainen qui essaye de tourner un film. Je ne suis pas sûr de trouver cela très drôle.

      Le dernier niveau par Steve Perrin (le créateur de Runequest) a un objet magique appelé le "Générateur Aléatoire de Monstres", encore une mise en abyme des règles dans le scénario qui doit servir à expliquer toutes les anomalies des autres niveaux.

      Le scénario a beaucoup déplu aux fans et fut vite effacé rétroactivement comme une simple "illusion". Notons qu'au lieu d'être une ruine abandonnée, le niveau supérieur était le Château d'un certain "Herzog Akitrom" (écrit par un certain Mortika).


    • WGR1 Greyhawk Ruins (1990)

      Dès 1990, deux auteurs britanniques extérieurs à TSR, Blake Mobley et Timothy Brown reçoivent la mission de faire tabula rasa, refaire le Château Greyhawk dans une version plus sérieuse.

      C'est un module dense de 128 pages avec des douzaines de cartes labyrinthiques qui décrit des centaines de salles. Il introduit une nouvelle idée pour expliquer la spécificité du Château. Le Mage Zagyg aurait construit son Château là à cause d'un Monolithe de pouvoir (l'Obélisque en salle P813, la Pierre en salle P715).

      Brown et Mobley tentent de rendre compte de tout ce qu'on pouvait savoir du vrai Greyhawk de Gygax. Comme l'explique ce forum, les Neuf Dieux que Zagyg avait emprisonné dans ses Geôles (Geôles décrites dans Greyhawk Adventures de Jim Ward) étaient dans la salle Z405 (mais les Geôles sont décrites en P900). L'entrée vers le Dungeonland d'Alice serait en P833 et celle vers le Pays Au-delà du Miroir en Z632. Le passage vers l'Île du Singe en salle P826.

      C'est désormais la version officielle selon TSR.


    • Expeditions to the Ruins of Greyhawk (2007)

      Voir cette description

      Ce supplément en hardcover de 224 pages pour D&D 3.5 fut le chant du Cygne de Greyhawk, le dernier avant le passage à la 4e édition. Il était écrit par les vieux fans de Paizo, Jason Bulmahn, James Jacobs et Erik Mona et c'est un bon compromis entre le donjon de 1990 et des intrigues plus "rôlistiques" tirées du background riche de ce monde. Lord Robilar (qui était devenu un traître dans From the Ashes) trouve enfin sa rédemption.


    • Gary Gygax's Castle Zagyg (2008)

      Voir cette review.

      Avant de mourir, Gygax légua certaines notes à la compagnie Troll Lords qui annonce pour son jeu rétro Castles & Crusades une version parallèle officieuse de Greyhawk (la ville de Grisfaucon est ici appelée pour des raisons de copyright "Dunfalcon", mais Gygax a ajouté une nouvelle ville appelée "Yggsburgh").

      Le problème est que cette version issue de Gygax n'est donc pas complètement compatible avec les données accumulées dans la version "canonique" de son propre univers. Gygax n'a pu utiliser ses dieux par exemple et dans cette version les habitants adorent simplement les dieux scandinaves.

      En dehors du fétichisme du nom de son auteur, cette version n'a sans doute que peu d'intérêt sauf si on préfère Castles & Crusades à D&D, et il faudrait sans doute beaucoup de travail pour réadapter les idées dans le cadre classique.

      (Mais je reconnais que je suis de mauvaise foi sur Troll Lords. Le fait que la compagnie arkansienne soit connue pour avoir tenu des propos politiques très pro-Bush m'a un peu détourné de leurs produits. J'ignore l'idéologie politique de Gygax, mais son ami Frank Mentzer, créateur de Basic D&D, en tout cas était au contraire un social-démocrate.)


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